Lost in... Marseille (Le Panier)

Un gros trou blanc.... N'avoir aucun souvenir d'un voyage, c'est un peu comme la hantise de la page blanche pour un artiste... C'est une étrange sensation de savoir qu'on est déjà allé dans un endroit et ne pas pouvoir se souvenir de quoi que ce soit. Marseille, je t'ai vu une première fois... et je t'ai oublié peu après... Alors certes, pour ma défense, j'y suis restée qu'une journée, les photos se sont perdues (ça aurait dû être un signe), j'étais encore dans l'euphorie d'avoir enfin fini le lycée... Mais quand même, on parle de Marseille là... LA ville où pendant des années, j'ai supplié mes parents de m'y emmener, passé des soirées à se chambrer avec mon père lors des matchs de foot de l'OM (même si en réalité, on s'en fichait royalement, c'était plus pour le plaisir d'ennuyer l'autre)... D'ailleurs, la seule chose dont je me souviens, c'est que justement, mes parents avaient prévu de faire ce détour à Marseille spécialement pour moi... Et au final : le Vieux-Port, Notre Dame de la Garde et le reste ont laissé place à un gros blanc.

Et puis est venu le jour où l'opportunité d'y retourner s'est présentée... Et j'ai pu redécouvrir, profiter et en quelque sorte me réapproprier cette ville... Réécrire sur cette page blanche... Les fous rires avec Amélie, Ben, Julie et leurs amis dans une crêperie (ahem), le bruit de la Gare Saint Charles, la chaleur un peu étouffante dans le centre, la gentillesse de certains, la violence d'autres, l'odeur d'iode (et de pétrole) du côté du Vieux Port...
Et la découverte du Panier sur les conseils d'Amélie... Les rires des petits pépés assis sur une terrasse de café ou dans les rues... Ces maisons colorées et étroites avec le linge étendu qui claque au gré du vent... Des murs défraîchis et décrépis qui donnent au coin un aspect un peu rugueux, mais chargés d'histoire - celle de la création de la ville, des différentes vagues d'immigration et du renouveau... Une sensation d'être dans un village au coeur de Marseille... Monter, descendre les escaliers, les pentes qui sillonnent le quartier... Prendre un bon bol d'air iodé pas loin du Mucem avant de retourner se perdre dans les ruelles qui s'entremêlent... Profiter du calme, loin des klaxons et du stress pourtant à quelques rues... Slalommer entre les enfants qui jouent dans la rue... Les odeurs de lessive et de grillades dans l'air... De la musique par-ci, par-là... Un coin qui me rappelle la Barcelonnetta et l'Italie... Le contraste saisissant entre le côté touristique du Vieux Port et le côté populaire du quartier, un peu comme s'il y avait une frontière à traverser...
Et cette fois, quand on repart, la page blanche a laissé place à des tas d'images...